Les dents font l’objet de multiples attentions et soins, mais il n’en va pas de même du parodonte, leur point d’ancrage et de soutien indispensable. Quoi de plus banal, en effet, qu’un saignement survenant lors du brossage quotidien ? Étant non douloureux, il ne déclenche bien souvent aucune inquiétude, ni aucune demande de consultation. Il s’agit pourtant d’un des signes cliniques évidents des parodontopathies qui affectent, à des degrés divers, pratiquement 90 % de la population en France dans toutes les tranches d’âge et causent la perte de 30 à 40 % des dents. Depuis plusieurs décennies, le monde scientifique admet une relation entre la maladie parodontale et certaines maladies systémiques, comme l’endocardite, l’athérosclérose, le diabète, l’arthrite rhumatoïde et les naissances prématurées. Et qu’en est-il des tendinopathies ? Leur survenue est souvent spontanée sans origine médicale spécifique et leur guérison s’avère longue et pénible. Cette revue a comme objectif de mettre en évidence les relations entre l’hygiène bucco-dentaire et ses répercussions sur les sportifs.
Un problème de santé mondiale
Les parodontopathies représentent un ensemble de maladies touchant les tissus de soutien des dents. Elles sont déclenchées par un biofilm bactérien et se développent, en règle générale, à partir d’une gingivite. La quantité et surtout la virulence des micro-organismes d’une part, et la réponse de l’hôte d’autre part, sont décisives pour le déclenchement et la progression de la destruction parodontale. La gingivite et la parodontite sont toutes les deux responsables d’une libération de médiateurs pro-inflammatoires systémiques.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que les maladies bucco-dentaires telles que les caries dentaires et les parodontopathies posaient un problème de santé mondial. Globalement, 90 à 95 % de la population montrent des signes de gingivite. Cette prévalence est présente chez l’adulte ainsi que chez les enfants. Chez l’adulte, les premiers stades de parodontopathie sont observés dans 40 à 60 % des cas à partir de 35 à 44 ans. La parodontite sévère touche 5 à 15 % des populations. Une étude de Kulekci et al. a mis en évidence la présence de bactéries pathogènes, comme les Prevotella nigrescens, Treponema denticola, Actinobacillus actinomycetemcomitans (A.a) et Porphyromonas gingivalis (P.g), même chez des enfants entre 6 et 13 ans ne présentant aucun signe clinique d’une quelconque maladie parodontale. Les auteurs recommandent ainsi des dépistages parodontaux préventifs en denture mixte dès le jeune âge chez les enfants à risque. Parahitiyawa et al. ont mis au point une revue de littérature sur le sujet de l’endocardite. Ils décrivent les différentes entrées systémiques possibles en commençant par les lésions carieuses intrapulpaires qui permettent le passage bactérien à travers la chambre pulpaire jusqu’à l’apex dentaire. Toute réaction apicale peut ainsi être responsable d’une bactériémie et nécessite donc, chez des patients à risque, une antibiothérapie préventive lors de soins dentaires (prévention d’Osler).
Depuis plusieurs décennies, le monde scientifique admet une relation entre la maladie parodontale et certaines maladies systémiques, comme l’endocardite, l’athérosclérose, le diabète, l’arthrite rhumatoïde et les naissances prématurées. Malgré une multitude d’études scientifiques, la physiopathologie précise que ces différentes relations entre les maladies parodontales et les maladies systémiques ne sont pas encore élucidées. Il pourrait également exister une relation étiologique entre les parodontites et les tendinopathies.
Athlètes et hygiène dentaire
On s’imagine souvent qu’un sportif de haut niveau est en bonne santé. Le fait que la plupart d’entre eux soit encadrée par des préparateurs physiques, des kinésithérapeutes, des diététiciens et des médecins renforce cette croyance et pourtant, certains travaux mettent en évidence une réalité bien différente.
Une étude dentaire a été menée lors des Jeux olympiques et para-olympiques d’Athènes en 2004, afin d’évaluer et d’améliorer la qualité des soins dentaires chez les sportifs et leur
Les maladies parodontales et leurs répercussions systémiques
Les parodontopathies les plus connues sont les gingivites associées à la plaque dentaire (inflammations de la gencive, sans perte d’attache) et les parodontites (destruction des tissus de soutien dentaire due à une inflammation, avec perte d’attache). La gingivite se limite aux tissus mous marginaux et supracrestaux. Elle se manifeste cliniquement par un saignement lors du sondage ainsi que par des rougeurs et un œdème (état avancé), en particulier au niveau des papilles (gencive interdentaire).
Discussion
Il est communément admis que les parodontopathies sont en interaction forte avec certaines maladies systémiques. Quelques études suspectent également un lien potentiel entre les lésions bucco-dentaires et les blessures chez les sportifs [25]. Lors de notre revue, nous avons pu mettre en évidence l’existence de multiples facteurs étiologiques communs aux parodontopathies et aux tendinopathies (Fig. 2). Serait-il possible que la santé bucco-dentaire ait des interactions concernant la survenue
En conclusion
La négligence de la santé bucco-dentaire est communément présente dans notre société et conduit à des problèmes majeurs de caries dentaires et de parodontopathies. Malgré l’image du sportif averti et motivé, il se trouve que bon nombre d’athlètes négligent leur santé bucco-dentaire. Les caries sont souvent responsables de gênes et de douleurs, et incitent le patient à la consultation chez le dentiste. L’absence de douleurs dans les parodontopathies les rend peu importantes aux yeux des patients.
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